Deux ponts qui n’en font qu’un au-dessus d’une rivière au nom controversé

Au début coulait une rivière nommée « le Gard » par les cartographes. La rivière Gard, affluent du fleuve Rhône, recevait elle-même de nombreux affluents cévenols, au moins cinq, appelés par les gens du pays « les gardons ». Mais quand on demande à ces mêmes habitants « quel est le nom de la rivière qui passe sous le pont du Gard ? », ils répondent tous : « c’est le gardon ». Et si vous leur dites : « pourquoi ne l’appelez- vous pas « le pont du Gardon » ? Vous les mettez dans l’embarras car, pour eux, le Gard, c’est le nom de leur département, pas celui de cette rivière !

A la fin du premier siècle, les romains édifient un aqueduc conduisant les eaux d’Uzès à Nîmes et construisent un pont-aqueduc au franchissement de la rivière. L’ouvrage romain n’a jamais été conçu pour servir de pont routier. Au moyen- âge, pour franchir la rivière en crue avec des mulets, on commence par échancrer les piles du deuxième étage.

Il y a bien longtemps qu’il ne sert plus d’aqueduc, alors, autant l’utiliser en pont muletier. Mais à chaque génération on agrandit les échancrures. Elles finissent par être si importantes qu’elles mettent en péril la stabilité de l’ouvrage. De 1699 à 1702, on entreprend des réparations : les piles sont consolidées et des encorbellements construits, prenant appui sur les avants becs. Mais cette solution palliative ne permet pas le franchissement des chariots lourdement chargés (comme le matériel militaire avec des canons en bronze). Il faut se rendre à l’évidence : la construction d’un nouveau pont s’avère nécessaire.

C’est l’histoire de cette construction, confiée à Henri Pitot, que nous retraçons dans ce document.