L’aqueduc construit vers l’an 50 de notre ère, fonctionne normalement jusque vers l’an 250. Un entretien régulier de la conduite pendant près de 200 ans, des réparations après le premier séisme vers 150, et une surveillance accrue permettent un bon fonctionnement.
Mais, à partir de son abandon (VIe siècle), l’aqueduc n’est plus entretenu, il se dégrade, se fragilise, l’eau déborde par les regards et les fissures. Les riverains percent la canalisation pour irriguer les cultures, récupèrent des pierres, et ce jusqu’à présent. A partir du XII e les constructeurs réutilisent des parements et des concrétions de la conduite pour construire des chapelles romanes, des châteaux et divers monuments.
Sur le Pont du Gard, l’épierrement s’effectue surtout sur le 3e niveau et de chaque côté plus accessibles. Sur la rive gauche du Gardon, en amont de l’aqueduc, 12 arches ont disparu sur 130 m. De même, les pierres du pont de Font Ménestière qui enjambait le vallon de la Ratade, au niveau de la route Uzès Remoulins et de la voie ferrée, sur 2 niveaux d’arches a forcément servi à édifier toutes sortes de constructions alentour.
Ces gravures anciennes montrent à quel point le monument était affaibli par les épierrements hauts mais surtout par ceux du 1er niveau où de profondes échancrures ont été creusées pour laisser passer un mulet bâté.
La prise de conscience de la valeur historique du monument et les diverses restaurations au cours des derniers siècles ont permis qu’à ce jour nous pouvons encore admirer ce chef d’œuvre réalisé par d’excellents ingénieurs romains. Il est à déplorer que les vestiges aériens sur divers sites ne fassent pas l’objet de la même attention.
Micheline Moreau
Secrétaire adjointe