Gautier introduit des innovations pour le tracé. L’alignement doit certes rester la référence.
Mais en relief difficile, lorsqu’on doit gagner de la hauteur, il recommande (cf. planche III),
- d’utiliser les rivières et ravines : « ces routes prenant en écharpe la hauteur, par une pente insensible, gagneront ainsi insensiblement le sommet de la montagne pourvu qu’on ne rencontre pas des lieux inaccessibles où pour l’ordinaire avant que de s’y approcher, on a de coutume d’y tracer un détour. On ne saurait jamais trop examiner les lieux pour y tracer bien au juste la route»;
- de recouvrir faute de mieux lorsque l’alignement n’est plus possible aux « zigzagues, serpenteaux, détours » sous réserve d’élargir les coudes.
En résumé, « on préfère toujours un chemin long et aisé à un autre qui est court et rapide ».
Lorsque le chemin côtoie des montagnes, les reliefs successifs (les hauteurs et les creux) peuvent être adoucis par le recours à un terrassement en tranchée et un franchissement de la ravine par un pont permettant d’améliorer le profil en long (cf. planche II). Mais pour d’évidentes raisons d’économie, Gautier recommande d’éviter autant que possible les ponts, en « plantant seulement un pave creux (gondole, cassis) pour recevoir la ravine ». Mais on veillera alors à traiter la chute aval pour éviter tout désordre au mur de soutènement (radier, enrochement).
Gautier recommande de tels tracés à mi pente (cf. figure 17 de la planche 3) plutôt que de chercher à tout prix à gagner la pénéplaine supérieure. « Bien souvent toutes les précautions étant inutiles par les précipices qu’on rencontre dans les suites et parce que les lieux deviennent plus inaccessibles il faut souvent les abandonner pour chercher des endroits plus aisés. Pour l’ordinaire on en trouve au pied de ces lieux impraticables et ainsi abandonnant le projet de la route sur la hauteur de la montagne, on lui peut faire suivre le bas ou l’on rencontre souvent des terrains aisés… ».
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