Le traité des ponts

Suivant les usages du temps, la page de titre présente, de façon presque publicitaire le contenu de l’ouvrage. Voici celle de l’édition de 1728, qui incluait la dissertation de 1727 sur les culées piles, voussoirs et poussées des ponts.

Traité des ponts, ou il est parlé de ceux des Romains et de ceux des Modernes, de leurs manières, tant de ceux de Maçonnerie, que de Charpente ; et de leur disposition dans toute sorte de lieux.

Des projets des Ponts, des Matériaux dont on les construit, de leurs Fondations, des Échafaudages, des Cintres, des Machines et des Batardeaux à leurs usages

De la différence de toute sorte de Ponts, soit Dormans, ou fixes, soit Mouvans et Flotans, Volans, Toumans, à Coulisses, Pont-levis à Flèche, et à Baccule, etc…

Avec l’explication de tous les Termes des Arts qu’on employe à la construction des Ponts, et les Figures qui démontrent leurs différentes parties.

Et les Edits, Déclarations, Arrêts et Ordonnances qui ont été rendus à l’occasion des Ponts et Chaussées, Rues, Bacs, Rivières. Des coutumes observées sur ce fait. De leur entretien. Des garanties. Des Peages, et des Règlements sur les Carrières.

Nouvelle édition

Augmenté d’une Dissertation sur les Culées, Pilles, Voussoirs, Poussées des Ponts, avec plusieurs Devis et Règlement faits à ce sujet.

Par le Sieur Gautier, Architecte, Ingénieur, et Inspecteur des Ponts et Chaussées du Royaume

Après un rappel sur quelques ouvrages antiques ou anciens remarquables et des citations de Palladio, Alberti, Serlio et Blondel, Henri Gautier déroule avec beaucoup de méthode toutes les phases de conception et de construction d’un ouvrage en maçonnerie (et accessoirement en charpente). Ceci depuis la recherche de l’implantation et les levés, en passant par les reconnaissances des sols, l’étude du débouché hydraulique, les conditions de fondation des piles et culées, jusqu’au dimensionnement des voûtes piles et culées et leurs conditions de réalisation (cintres). Ces dimensionnements sont repris dans la « dissertation sur les culées, piles, voussoirs et poussées de pont ». Seule manque comme le souligne J. Mesqui, une vision architecturale du projet, au sens moderne du terme. Tout au plus aborde-t-il en quelques lignes les ornements habituellement employés (plinthe, cimaise, entablement.) et recommande-t-il un traitement homogène entre les murs de culées et le pont proprement dit.

Parcourons rapidement ces phases telles qu’analysées par Henri Gautier, qui insiste en préambule sur les connaissances complètes que doit avoir « l’âme de l’ouvrage, ingénieur, architecte ou inspecteur » :

« je soutiens qu’il n’est pas possible que ce conducteur (de l’ouvrage) qui sera un ingénieur ou un architecte ou un inspecteur soit habile et que l’on puisse compter sur lui, s’il ne sait la manœuvre qu’on doit tenir pour faire l’ouvrage.

Il n’est pas possible non plus qu’il sache cette manœuvre s’il ne connaît les parties et les matériaux qui le doivent composer et cela a tant de liaison avec les outils, les échafaudages, les sondes, les machines … qu’il est certain que dans l’exécution d’un pont considérable, on doit être universel et n’ignorer rien du métier de l’architecte, qui suppose la connaissance de toutes ces choses, si l’on veut réussir ».

Telle est finalement l’ambition du traité : permettre aux architectes de progresser en présentant l’état des connaissances sur cet ensemble de sujets.

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