Si la question de la largeur roulable n’est pas abordée dans le traité des ponts (les questions de largeur sont par contre largement présentées dans le traité de construction des chemins) Henri Gautier analyse longuement la question de la « grandeur des ponts proportionnée à la quantité des eaux qu’ils doivent recevoir lors des inondations ».
Il a déjà recommandé d’enquêter sur la côte des plus fortes crues. Mais il perçoit fort bien le rôle de la superficie du bassin versant et des quantités de pluie sur la formation de ces crues, posant ainsi les bases d’une analyse hydrologique embryonnaire dont il ne tire toutefois pas de conclusions opérationnelles (« mais on ne doit pas compter là-dessus, on ne doit compter que sur le témoignage des plus anciens du pays et ce que je rapporte est plutôt du curieux que de l’absolument nécessaire »). Pour démontrer que ces crues constituent un phénomène aléatoire et non pas cyclique comme soutenu par certains, il produit une chronique des inondations majeures du Tibre depuis la fondation de Rome.
Les effets négatifs d’un rétrécissement de lit par l’ouvrage sont parfaitement connus d’Henri Gautier. Il analyse avec justesse les augmentations de vitesse, et les affouillements qui en résultent. Mais faute d’une modélisation minimale des conditions d’écoulement, son approche n’aboutit qu’à deux règles, partiellement satisfaisantes :
- offrir un débouché (largeur libre) égal à la largeur de la rivière en amont « il faut que le vide des arches entre les piles et les culées aient pareille largeur que la rivière a dans son lit naturel »;
- assurer un tirant d’air de trois pieds (environ 1 mètre) au-dessus des plus hautes eaux, au moins pour l’arche la plus haute, si possible pour toutes.