Naissance et formation de Gautier

Hubert Henri GAUTIER est né à Nîmes le 21 août 1660 de parents protestants. Il est baptisé au temple le 18 octobre 1660. Enregistré sous le prénom d’Hubert, il est souvent appelé Henri, son prénom usuel. Il fait tout d’abord ses humanités et ses études de philosophie à Nîmes.

Ses parents calvinistes convaincus le dirigent ensuite vers une université protestante, celle d’Orange où il fait sa médecine. Reçu docteur en médecine avec félicitations le 23 mars 1679, il exerce cette profession peu de temps. A cette époque, souvent les jeunes « de bonne famille » commençaient leurs études supérieures par la médecine, pour les scientifiques, ou par le Droit.

Sur fond de guerre de religion, GAUTIER abjure la religion de ses parents le 28 juin 1689 devant l’évêque de Nîmes Esprit FLECHIER (1632-1710). A cette époque, NÎMES compte 16 000 habitants dont 75 % sont protestants. Cette attitude est très courante à l’époque surtout quand on aspire à obtenir un emploi de haut rang. En ces temps troubles, de nombreux « nouveaux catholiques » convertis ont en fait continué à pratiquer leur ancienne religion. Cette « intégration » par la force ou par le prestige fut un échec à Nîmes, haut lieu du protestantisme français.

Sur cette « conversion », il est intéressant de savoir ce que Léon Ménard, historien Nîmois [ 2 ] contemporain de GAUTIER écrivait :

« Peu satisfait des points de doctrine qu’on lui avoit inspirés dans sa religion, il chercha à les approfondir & à s’instruire. Ayant enfin reconnu par ses propres lumières & par ses réflexions l’excellence de la foi catholique, il se réunit au giron de l’Eglise, et fit abjuration entre les mains de l’abbé Fléchier, nommé à l’évêché de Nismes… »

A-t-il été influencé par les enseignements de l’évêque lui-même ?

Peut-être, car FLECHIER est un esprit brillant, latiniste distingué, grand protecteur de l’Académie de Nîmes, orateur célèbre … l’influence de FLECHIER sur GAUTIER est possible, mais elle n’est pas certaine. Par contre sur le plan du réseau relationnel, nous pouvons remarquer que FLECHIER est un ami proche de l’intendant du Languedoc Nicolas LAMOIGNON de BASVILLE.

GAUTIER a-t-il été « repéré » par l’intendant qui voit en lui un architecte-ingénieur de premier plan ? N’y a-t-il pas un concours opportun de « pressions » pour faciliter l’accès de GAUTIER à des emplois de haut niveau plus faciles à obtenir si on est de la religion du roi, d’autant que GAUTIER est un esprit rationnel, sans doute peu porté vers la religion ?

Dans son cursus scolaire GAUTIER a montré beaucoup de dispositions pour les mathématiques ; il faut entendre par là qu’il est bon en calcul numérique et doué en géométrie.

A cette époque où l’on n’utilise ni le système métrique ni les unités de mesure décimales, l’ingénieur « potentiel » doit en effet maîtriser parfaitement l’arithmétique. Le simple calcul du poids d’une sphère avec des unités de longueur et de poids non « standardisées », constitue un exercice très délicat et souvent à l’origine d’erreurs numériques ! Aussi l’ingénieur de terrain possède-t-il des tables de calcul « préfabriquées » pour un usage précis. Nous joignons en annexe un exemple de ce type de table utilisée par GAUTIER pour le contrôle du « toisé des ronds ». Cette pratique est fort ancienne. VITRUVE [ 3 ] dans son livre sur l’architecture, chapitre VI sur « des conduites des eaux » (la technologie sur les modes d’adduction des eaux) donne une correspondance pour les tuyaux de plomb entre leur diamètre et leur poids afin de faciliter les contrôles.

Notons que GAUTIER est très doué pour la géométrie et pour la physique notamment l’optique.

Plus tard, au cours de sa carrière, il mettra son talent à confectionner lui-même ses instruments d’optique et de visée, à effectuer ses propres cartes topographiques. Ce sera un ingénieur complet ! Plusieurs de ses cartes seront reproduites et publiées – nous en donnons la liste en annexe -. Il s’intéressera même à la conservation des dessins et aux lavis.

Technicien « touche à tout « , telle est la personnalité de GAUTIER.

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