- Au XVIIIe siècle la Province de Languedoc est la plus grande province du royaume, correspondant aux surfaces des départements actuels de la Haute-Loire, de la Lozère, de l’Ardèche, du Gard, de l’Hérault, du Tarn, de la Haute Garonne et de l’Aude.
Sa population comprend plus de deux millions d’habitants sur les vingt cinq millions que compte la France d’alors. Elle est scindée en deux généralités et de nombreux diocèses :
– généralité du Haut Languedoc (capitale, Toulouse avec plus de 50 000 habitants)
– généralité du Bas Languedoc (capitale, Montpellier 30 000 habitants).
Le département du Gard regroupera à la révolution les trois diocèses de Nîmes, Alais et Uzès, avec des adaptations importantes (le diocèse de Nîmes « débordait » sur l’Hérault puisqu’il comportait tout le delta du Vidourle). Il y a des villes très développées ; Nîmes est «industrielle» avec 40 000 habitants et il existe un réseau de villes dépassant les 10 000 habitants comme Le Puy, Carcassonne, Béziers, Castres, Albi, Alais…
Les Etats du Languedoc sont présidés par l’archevêque de Narbonne et administrés par un seul intendant nommé par le roi. Ils règlent les affaires de cette Province très «décentralisée», riche et développée. C’est un pays d’Etats ; ils votent les impôts, déterminent et financent une politique de grands travaux, d’amélioration du rendement agricole, d’organisation de la charité publique, et surtout une politique active de travaux publics, de rénovation et d’entretien du réseau routier principal.
Pour le financement des ponts, la communauté intervient jusqu’à 480 livres, puis le diocèse jusqu’à 4 000 livres, puis la sénéchaussée jusqu’à 10 000 livres (il y avait trois sénéchaussées : Toulouse, Carcassonne et Nîmes-Beaucaire) et au-delà la province, en cas de besoin.
Les Etats de Languedoc délibèrent pour qu’un franchissement du Gardon soit étudié. Cela devient une priorité économique et stratégique :
- «L’édification d’un pont sur le Gardon est depuis longtemps reconnue nécessaire pour faire passer la route royale vers Paris, Lyon et la Provence.»
Registre des délibérations des Etats du Languedoc, séance du 2 janvier 1743.
- Mais où faut-il construire ce pont ?
Les Etats du Languedoc décident de confier les études préliminaires, que nous appellerions aujourd’hui des études de faisabilité (recherches des variantes et aide à la décision pour retenir le meilleur compromis «qualité/coût»), à Henri Pitot.