Simulation d’une distribution par citerne alimentée en eau de pluie

Quand dans les années 1830 la ville de Nîmes se développe grâce à ses PME dans le textile, grâce aussi aux transports (l’arrivée du chemin de fer et la création d’un réseau innovant de vrais trams de desserte urbaine), Nîmes double en population en seulement soixante-dix ans (1831 : 41 266 hab ; 1901 : 80 605 hab).
La ville manquant d’eau, une partie de la population s’installe dans les faubourgs et « monte » sur les hauteurs grignotant la garrigue en s’y installant.
À plus forte raison, le problème crucial de l’alimentation en eau se posait donc.
On ne peut pas faire appel à des puits, l’eau dans ce massif calcaire se situant à plus de 100 m de profondeur. On a donc recours à de vieilles techniques, celles des cuves de stockage, directement alimentées par l’eau de pluie.
Très tôt, il y avait dans la garrigue nîmoise de petits mazets équipés avec des micro-stockages d’eau pour un usage essentiellement agricole.
Pour les besoins d’une famille, il fallait voir plus grand : de façon empirique, les Nîmois comptaient par personne une surface de 20 m2 de toit et un stockage de 2 m3.

Je me suis livré à divers calculs en prenant la pluviométrie nîmoise ; ces calculs m’ont permis de contrôler qu’un toit de 100 m2 associé à une cuve de stockage de volume 11 m3 permettent d’alimenter toute une famille de 5 habitants en leur restituant 30 l/j/hab (en faisant l’hypothèse que 80 % de l’eau de pluie captée est utilisable = 20 % de perte c’est peu, il ne faut pas que la cuve ait la moindre fuite !…)
J’ai poursuivi mes calculs en intégrant les chiffres de la pluviométrie à Palerme. Pour satisfaire les mêmes besoins individuels (30 l/j/hab aux 5 membres d’une famille), il faut 125 m2 de toit et un stockage de 16 m3.
Quand on voit les stockages construits à Solunto (cuve rectangulaire plus cuve circulaire sur les hauteurs), qui font au total 500 m3 environ, on se dit que ces équipements pouvaient alimenter une population de 160 habitants en captant seulement l’eau de pluie issue des toitures des bâtiments construits en dur.

Comme la surface bâtie en dur (8 ha) correspond à un village de 800 hab. (1 600 si on tient compte de la capacité supposée du théâtre, et ajoutant la population des faubourgs aux constructions en bois qui n’ont laissé aucune empreinte), nous pouvons en déduire :

  • qu’ils possédaient d’autres ressources que l’eau de pluie captée par les seules toitures (Annexe 1)
  • et qu’en période sèche, ils devaient limiter leur consommation à moins de 10 l/j/hab !
    La Sicile est donc bien le pays de la soif !