Un souci esthétique et d’intégration au site

Même à l’époque de Pitot il y a un vrai souci d’intégration dans le style du lieu. Tout d’abord Pitot propose un dessin inspiré du pont Neuf de Paris construit en 1607 avec une très forte ornementation.

Profil longitudinal plat, arrière-becs triangulaires surmontés de demi-balcons circulaires.
Version de pont Pitot inspirée par le pont neuf avec adaptation pour les rampes d’accès.

Mais le style inspiré du pont Neuf détonne par rapport au style dépouillé du pont antique. C’est pourquoi, il prend modèle sur le pont Royal de Paris construit en 1689. Il fait des adaptations géométriques importantes :
– il donne un profil « en toit » (dos d’âne) à son ouvrage, alors que le pont romain est horizontal.

Comme les arches du pont du Gard ne sont pas centrées (la plus grande arche est excentrée au droit du franchissement du Gardon, alors que celle du pont Royal est au centre), il « triche » en adoptant une astuce géométrique en recentrant visuellement «son» pont pour installer, en plein milieu, une frise en haut relief avec un blason orné par une croix du Languedoc (ou croix occitane à branches égales et triplement perlées pour chaque branche).

Comme les arches du pont du Gard ne sont pas centrées (la plus grande arche est excentrée au droit du franchissement du Gardon, alors que celle du pont Royal est au centre), il « triche » en adoptant une astuce géométrique en recentrant visuellement «son» pont pour installer, en plein milieu, une frise en haut relief avec un blason orné par une croix du Languedoc (ou croix occitane à branches égales et triplement perlées pour chaque branche).

Photo prise en 1930.

Malheureusement, avec le temps, ce haut relief s’estompera et se dissoudra peu à peu.
Photo : Etat actuel de la frise en haut relief…
Sur le style de son futur ouvrage Pitot écrit :

« Les ouvrages les plus simples, en architecture sont souvent les plus beaux c’est pourquoy a limitation du pont Royal de paris, il ne sera fait aucuns ornement a ce nouveau pont, comme bandeaux, pilastres, cadres ou tableaux ».

Article sept de l’adjudication de Pitot sur la nature des matériaux à employer. Henri Pitot propose d’utiliser les mêmes pierres que pour l’ouvrage romain, ainsi il est sûr que le vieillissement ultérieur sera identique. C’est ce qui explique qu’aujourd’hui, de loin, nous ne distinguions plus l’ouvrage Pitot de l’aqueduc romain. Dans son cahier des charges il impose la provenance des pierres du futur ouvrage : la carrière antique de l’Estel sera donc réouverte au XVIII ème siècle :
« Toutes les pierres de taille qui seront employées seront tirées du bois de Létoille que l’on pourrait appeler les carrières du pont du Gard, parce qu’il est certain que toutes les pierres que les Romains ont employé à la construction de ce pont ont été tirées du bois de Létoille lesquelles n’en sont éloignées que de trois cent toises ».

Article dix de l’adjudication de Pitot.

Travail remarquable de la taille des pierres pour rendre solidaires le chaperon de l’arrière-bec (en tuile de toit) avec le parement du pont au prix d’une complexité stéréotomique !