On peut passer beaucoup de temps au pont du Gard, sans se lasser. A chaque visite on découvre des détails qui nous avaient échappé.
L’article qui suit se propose d’indiquer quelques thèmes aux visiteurs qui passent.
Le pont du Gard est un échafaudage de pierre qui franchit cinquante mètres au-dessus du Gardon. Les grandes arches de ce portique d’ordre toscan, le plus dépouillé de tous les styles, aèrent la masse et laissent voir en arrière-plan les collines couvertes de chênes verts au-dessous d’un ciel le plus souvent bleu. Si vous découvrez le pont par un soir embrumé, la scène change d’aspect, le fond prend la forme d’un duvet velouteux sur lequel se projette l’ombre légère du monument.
Les possibilités de découvertes sont nombreuses. A chacun son choix : on peut y consacrer une heure, une journée, ou plus. L’étrange est que, malgré la simplicité de ce qu’il offre, on n’a jamais le sentiment de l’avoir épuisé. On peut :
- s’intéresser à la beauté des pierres et des paysages, faire provision de souvenirs par la photographie, le dessin, ou la simple mémoire ;
- s’attacher aux détails d’architecture. (Il est bon de choisir ses heures, selon ses intérêts, l’éclairage étant déterminant pour l’observation) ;
- flâner autour du monument, à la recherche, par exemple, d’indices géologiques ; les gorges du Gardon en foisonnent : on trouve à moins de 100 m des empreintes d’oursins de plusieurs millions d’années !
- se promener dans le jardin botanique ;
- dénicher les signes des compagnons : mi inscriptions, mi idéogrammes, ils révèlent et cachent à la fois le monde secret des métiers.
- découvrir le pont du Gard de bon matin, à partir du Gardon : c’est une approche différente, inoubliable comme un rendez-vous.
- passer une soirée d’été en amont : les bruits de la nuit, le ciel étoilé ont avec ce lieu une singulière connivence ;
- à toute heure, enfin, s’asseoir devant ce grand ordonnateur d’espace, se soumettre à son rythme, le laisser vivre en soi, s’alléger de toute sa présence.
- Le point panoramique (point cité : X = 776,13 ; Y = 3185,4)
En amont du pont, rive gauche, sur notre droite, du côté d’où vient le Gardon, en sortant de la partie boisée, un chemin sur la roche conduit à un point de vue discrètement signalé. De cette hauteur et de ce côté, le pont du Gard se découvre dans la pureté de son développement et de son site, l’adjonction du pont routier demeurant invisible. Le sol est un rocher de calcaire urgonien*, vieux de 110 millions d’années, parsemé ça et là de rudistes*, coquillages fossiles bien connus des géologues et caractéristiques du secondaire. La vue sur le pont du Gard est totale et l’on distingue une inégalité dans le niveau de la partie supérieure : pas de dalles au-dessus des six premières arches du troisième niveau (rive gauche du Gardon), ni au-dessus des trois dernières (côté rive droite). Elles ont disparu et leur support – deux rangées d’assises – aussi.
La nature vue de ce point, n’est peut-être pas exactement celle qu’ont connue les Romains, les paysages changeant continuellement, mais elle conserve un caractère qui lui est propre » (Extrait de « L’aqueduc du pont du Gard- Huit itinéraires de découverte d’Uzès à Nîmes« – Claude Larnac et François Garrigue, quatrième édition- ED. La Fenestrelle- Brignon.